Alejandro Cesarco. Apprendre la langue (présent continu I)

Alejandro Cesarco. Apprendre la langue (présent continu I)

Jeu de Paume

Né à Montevideo (Uruguay), Alejandro Cesarco vit et travaille à New York. Son travail se déploie sous la forme d’une série de prélèvements qui indiquent souvent un ailleurs et un hors-champ, rendant compte de l’expérience d’un réel dans sa discontinuité. Un autre trait caractéristique de sa démarche réside en un appel récurrent d’autres artistes ou penseurs en particulier issus de la littérature. Ainsi de James Joyce à Roland Barthes, en passant par Maurice Blanchot, Italo Calvino, Marguerite Duras ou Jean-Luc Godard, nombreux sont ceux qui apparaissent dans le travail d’Alejandro Cesarco. Ces intrusions participent du sens de l’œuvre en l’intégrant de manière syntaxique. Alejandro Cesarco nous livre la matière de récits évocateurs, teintés de mélancolie. Parmi ses dernières expositions monographiques, « A Portrait, a Story, and an Ending », Kunsthalle Zurich (2013), « Alejandro Cesarco », MuMOK, Vienne (2012), « Words Applied to Wounds », Murray Guy, New York (2012), « A Common Ground », Pavillon Uruguayen, 54e Biennale de Venise. Satellite 11 – Novlangue « Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. » Ludwig Wittgenstein La 11e édition de la programmation Satellite présente les propositions de Damir Očko, Daphné Le Sergent et Alejandro Cesarco, engageant la parole comme outil d’individuation. À l’aube du XXIe siècle se construit un nouveau « théâtre de la parole-spectacle » (selon l’expression de Christophe P. Lagier) sur une mutation de la langue : réduction du nombre de mots (Twitter),  néologismes (Brexit, Frexit, démocrature…), rapport non distancié aux faits, concept de post-vérité – ce qui n’est pas sans évoquer un paysage langagier imaginé par la littérature. Le novlangue est la langue officielle d’Océania, région fictive inventée par George Orwell dans son roman dystopique 1984. Reprenant librement la définition qu’en donne le récit, Wikipédia présente le novlangue comme « un principe simple : plus on diminue le nombre de mots d’une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels réfléchir […], moins les gens sont capables de réfléchir et plus ils raisonnent à l’affect. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les […] sujets aisément manipulables par les médias de masse tels que la télévision. ». Le paradigme du novlangue, réduit à son minimum, fonctionne tel un langage-écran construit sur la systématisation des règles et la simplification syntaxique. La langue est le point d’achoppement entre vérité et falsification. Elle favorise une distance toujours plus courte entre l’information donnée et sa réception. Cet appauvrissement de la langue rend impossible le développement de tout appareil critique. Elle conduit également à de nouvelles associations possibles entre les mots et les signes. Les trois expositions répondent aux classes A, B et C du vocabulaire du novlangue d’Orwell : la langue domestique, la parole publique et le langage technique. Venant irriguer l’analyse d’un monde en contraction de pensée, le cycle « NOVLANGUE_ » tente d’ouvrir une cosmogonie du langage, une forme de résistance par le champ de la langue et de l’exposition.

Auteur Agnès Violeau

Éditeur(s) Jeu de Paume
ISBN 9782915704815
Date de parution octobre 2018
Nombre de pages 68
Format EPUBFIXEDLAYOUT
Langues français

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