Trouble #5

Trouble #5

Trouble

Cadavre exquis

Dans North by northwest (La mort aux trousses), le film d’Hitchcock, Thornill, le personnage joué par Gary Grant, pénètre à un moment donné dans une salle de ventes aux enchères pour échapper à ses poursuivants. Vandamm : «Qu’est-ce qui vous a poussé à venir vous aventurer ici de cette manière? Auriez-vous succombé à un soudain amour de l’art?»
Ce qui suit est un scénario... Ce sera celui de la dream team. Tout d’abord choisir le format. Travailler selon un processus de translation, de glissement, ouvert à l’expérimentation. Injecter de la fiction, des hypothèses, des points de départs et non d’arrivée. 
Et que font ces groupes de super-héros, lorsqu’ils ne se battent pas contre des super-vilains? Ils inventent de nouvelles règles et de nouveaux enjeux, qui déterminent autrement la manière que nous avons de pratiquer les espaces que nous habitons au quotidien. Les jeux sont innombrables et de multiples espèces : jeux de société, d’adresse, de hasard, jeux de plein air, de patience, de construction, etc. Si les catastrophes varient dans leur forme (naturelles ou d’origine humaine, à venir ou passées), le message reste le même : l’arrogance humaine fera inévitablement sa perte. Souvent, comme c’est le cas ici, il faut laisser les symptômes nous mener à la source. Voir par exemple : «urban kayaking» où il s’agit de descendre des escaliers en kayak, «skiing on the pavement» : skier sur le trottoir, «ladder skiing» consiste à skier tout en montant sur un escabeau fixé à des skis et lancé sur les pistes… Outre la valeur performative de la parole de l’artiste, sa finalité demeure la confrontation directe de l’art avec un hors champ. Simplement out. Hors champ de l’art. Comme si les 4’33 de John Cage n’avaient pas été le silence comme musique absolue. Mais plutôt : maintenant je ne copie plus. Je montre.
On peut définir ces tactiques comme un «art de faire». Il s’agit fondamentalement d’une histoire de travail, de jeu et de loisir, mais c’est aussi l’histoire des relations entre homme et objet, dans un monde où le principe de plaisir, plutôt que le principe de réalité, règne sans partage. Les effets du nouvel ordre mondial informent non seulement l’intrigue du film, mais ses personnages. Devant de telles images, soit nous inventons un système de croyance qui nous laisse le moins de doute possible sur ce que l’on voit, soit nous nous abandonnons et jouons le jeu, allant jusqu’à prendre du plaisir à nous trouver redoutablement seuls face à cette scène. Alors!… Tous suspects? Mais de quoi? Des objets, des choses!… Cela nous amène directement à l’image suivante. À la surface du réel, les trous s’établissent irrégulièrement, au hasard de leur chute. Mais je sais que l’enchaînement des cellules ne vient d’aucune logique, d’aucune vision. D’un virtuel tout, d’aucun programme générique. Inutile d’écarter complexité, hermétisme, opacité, réglages secrets. C’est inutile d’expliquer où on veut en venir, on rate systématiquement la cible.
Trouble

Au sommaire
Boris Achour, Gilles Barbier, Walead Beshty, Guillaume Désanges, Daniel Foucard, Chris Gilbert, Vincent Pécoil, Émilie Renard, Franck Scurti, Raphaël Zarka

Contributeur Vincent Pécoil, Boris Achour, Raphaël Zarka, Walead Beshty, Émilie Renard, Guillaume Désanges, Chris Gilbert, Franck Scruti, Daniel Foucard, Gilles Barbier
Design graphique Delphine et Laurent pour wa75
Auteur Collectif

Éditeur(s) Trouble
ISBN 16320905
Date de parution avril 2011
Nombre de pages 166
Format PDF
Langues français

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